Fiche livre avec critiques contemporaines de la parution de l'ouvrage


Nº37 - Le Pape. La Pitié suprême. Religion. L'Ane.

Primo publication Nelson en mars 1913
In-16,1fr25, 189 rue Saint-Jacques, 372pp
Illustration : Louis BAILLY


L'avis de la critique bien pensante de l'époque

**Le Pape, poème publié en 1878. Un songe, où le personnage mis en scène par le poète est un pape idéal, dont les propos: et la: conduite sont destinés à faire le, procès du pape réel. En dépit des intentions du poète, ce pape idéal n'est pas-trop dissemblable de plusieurs papes, véritables. Il a souvent de belles paroles, mais aussi il tient des discours très impies. Dans une série de chapitres, il est mis en rapport avec les rois, les peuples, les combattants, les insurgés, une nourrice; un archevêque, etc.; et dans ces diverses circonstances le pape tient un langage digne et chrétien... Mais finalement; le vrai pape se réveille ; le rôle qu'il a joué en dormant lui semble horrible, et il s'écrie : " Quel rêve affreux je viens de faire! " Cette, antithèse, explique l'épigramme. Au point de vue littéraire, l'oeuvre est, comme la plupart des autres, mêlée de beaux passages et de vulgarités

*La Pitié suprême. Poème publié en 1879. Sombre épigramme, où, sous couleur de demander la pitié pour les rois, le po ète sollicite la pitié en faveur d'autres coupables. D'après lui, les rois furent tous des bandits couronnés ; mais il ne faut pas les condamner trop sévèrement. La faute en est à leur entourage. Le livre est partagé en quinze paragraphes sans titre où défilent des milliers de " despotes ". Nomenclature monotone : des peintures de tyrannies, des évocations de rois, auxquelles succ èdent des appels à la clémence, une pri ère de ne pas maudire au Louvre ce qu'on plaint au bagne : voilà toute la disposition de l'oeuvré. En réalité, ce n'est pas un po ème, c'est un exposé de doctrines ; ce n'est pas un chant, mais un plaidoyer. Le prédicateur démagogue se rév èle à chaque page. Au point de vue littéraire, pages magnifiques, et à côté de ces splendeurs, les défauts ordinaires du poète.

**Religions et Religion. Publié en 1860, Apologie du déisme pur, et critique de toutes les religions; L'auteur traite tous les cultes de superstitions et n'en admet qu'un, le sien, c'est-à-dire un respect pour Dieu, vague et commode, sans préceptes ni sanction.

*L'Ane. Publié en 1880. Poème satirique sur l'enseignement. Victor Hugo raille avec vigueur les éducateurs actuels, fourbes, arrogants, forcenés de l'égalité qui nient jusqu'à l'intelligence individuelle. Le poète se donne comme le missionnaire de la vérité ;il veut créer une éducation sans maître sans discipline, sans travail. Dans une série de chapitres ( à l'exception des deux derniers), c'est l'âne Patience - tel est son nom. - qui rue contre les livres et brait contre l'ignorance universelle. "Devant Kant, l'âne se déchaîne tantôt contre les " abrutisseurs de la, raison humaine ", tantôt contre nos " erreurs invétérées ",..:Il s'irrite contre la science, il foudroie le langage des doctes du temps présent ; et il finit par répudier la science comme n'offrant aucune utilité et l'étude comme stérile, et Kant se rallie à ses idées. La critique du temps loua cette conception comme un chef- d'oeuvre. " Vous le voyez, disait M. Louis Ulbach dans une conférence sur l'êne, l'êne soumis rentrera à l'étable; et quelque jour, l'homme, sachant mieux lire dans la nature, dans lui-même et dans la science ayant conquis avec son estime l'estime de l'êne qu'il torture et qui le juge, s'en servira comme d'une monture triomphale pour entrer dans une Jérusalem lumineuse, où commencera la Pêque des délivrances définitives, sans qu'on ait à redouter des crachats et un gibet pour un juste. " En réalité la conception est mauvaise par l'idée, qui est fausse et n'est qu'une déclamation absurde, par la forme, qui est cherchée, rocailleuse, pénible et souvent obscure. Ce sont des ténèbres que. traversent quelques éclairs. L'auteur, qui ne se pique guère de suite et de méthode, entasse toutes les injures, accumule toutes les satires contre la Sorbonne, l'Institut, l'Eglise. Il demande en somme, qu'il n'y ait ni professeurs, ni Facultés, ni él èves et qu'on n'apprenne rien aux jeunes gens de ce qu'on a fait jusqu'ici. C'est insensé, évidemment. C'est un radotage sénile.

Victor Delille, in Roman-Revue du 15 mars 1913


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