Auteur - Pierre de Nolhac

  Les Auteurs Nelson

Pierre de Nolhac

Ambert 15/12/1859 - Paris 31/01/1936


Elu à l'Académie française en 1922
Collaboration aux Annales Politiques et Littéraires
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Biographie


de Nolhac (Anet-Marie-Pierre Girauld)
in Larousse mensuel numéro194 d’avril 1923, pages 99 à 101


Erudit et historien français, né à Ambert (Puy-de-Dôme) le 15 décembre 1859. Bien qu'il soit revendiqué par l'Auvergne pour l'un de ses fils et qu'il n'ait jamais protesté, tout au contraire, contre une telle annexion, P. de Nolhac appartient en réalité à une vieille famille du Velay, qui fut anoblie sous Louis XIV; aujourd'hui encore, ce nom de Nolhac est porté par deux hameaux de la Haute-Loire. Cette annexion n'est d'ailleurs pas la seule dont P. de Nolhac ait été l'objet au cours de sa carrière. Ce philologue, qui, par ses premières études, semblait voué à l'interprétation des anciens textes grecs et latins, a été successivement annexé par l'humanisme italien, par la Pléiade française, et enfin par le Versailles du XVIIIe siècle; de là, dans son œuvre, une curieuse diversité, à travers laquelle il est intéressant de le voir évoluer avec une égale aisance et une maîtrise soutenue. Après avoir fait ses études classiques au lycée de Rodez, P. de Nolhac alla préparer à la Faculté de Clermont sa licence ès lettres, qu'il passa en 1881. Déjà, l'année précédente, il s'était rendu à Paris et avait commencé à suivre les cours de l'Ecole des Hautes Etudes.
Il y revint, une fois licencié, et s'initia à la philologie et à la paléographie grecque et latine. Pourtant, l'antiquité n'occupait pas seule sa pensée. Lorsqu'il allait compulser les manuscrits de la Bibliothèque nationale, il lui arrivait fréquemment de s'égarer dans le vieux fonds français et d'en explorer les richesses inconnues ; ce n'était pas du temps perdu, car il eut la joie de découvrir ainsi, en 1882, des lettres inédites de Joachim du Bellay, qu'il publia en 1884. A cette première invite qu'il recevait de la Pléiade le jeune philologue différa cependant de répondre; tout au plus, et comme pour amorcer de futurs travaux, écrivit-il un petit essai sur Hélène de Surgères, le dernier amour de Ronsard (1882); il préféra suivre la voie que lui traçaient ses études présentes et, cette même année r882, muni de son diplôme des Hautes Etudes, il partit pour Rome comme membre de l'Ecole française d'archéologie et d'histoire.
Il s'y rendait dans le dessein d'étudier les manuscrits classiques de la Bibliothèque vaticane et il s'y appliqua avec zèle, à en juger par ses publications : les Peintures des manuscrits de Virgile; le Vaticanus 90 de Lucien (1884) ; mais, cédant peut-être au conseil que Renan lui avait donné à son départ: « Trouvez Rome avec votre âme, lui avait-il dit, et profitez de ces belles années : il y aura toujours assez de paléographie dans votre existence! », le paléographe, insensiblement, évolua vers un ordre d'études plus vivant. Parmi les manuscrits dont P. de Nolhac avait entrepris l'étude, ceux qui venaient du fonds Orsini l'avaient particulièrement intéressé (la Bibliothèque de Fulvio Orsini, 1897). Fulvio Orsini, bibliothécaire des cardinaux Farnèse, un des plus savants antiquaires et bibliophiles du XVIe siècle, avait légué à la Vaticane ses admirables collections, qui comprenaient non seulement des manuscrits et des éditions rares, mais encore des ouvrages annotés de la main des plus illustres humanistes. C'est à ces derniers que P. de Nolhac s'attacha surtout, curieux d'entrer par ce moyen en relation avec les Marc-Antoine Muret (la Bibliothèque d'un humaniste au XVI° siècle, 1883), les Lascaris (Inventaire des manuscrits grecs de Jean Lascaris, 1886), les Manuce (Lettres de Paul Manuce recueillies à la Vaticane,1883; les Correspondants d'Alde Manuce, 1888), les Pomponius Lætus (Recherches sur un compagnon de Pomponius Lætus, 1886), les Bembo, etc. C'est au cours de ces investigations que P. de Nolhac eut l'heureuse fortune de découvrir le manuscrit autographe du Canzoniere de Pétrarque. La trouvaille était de prix ; outre sa haute valeur de souvenir, ce manuscrit avait l'avantage de fixer définitivement le texte du Canzoniere. A son retour de Rome, en 1886, P. de Nolhac communiqua sa découverte à l'Académie des inscriptions : ce fut une grosse émotion dans le inonde des philologues. Tandis que les Allemands se ralliaient de mauvaise grâce aux conclusions du jeune savant français, le grand poète Carducci les adoptait avec enthousiasme. C'était déjà la notoriété. Mais cette découverte eut surtout pour conséquence d'accentuer l'orientation nouvelle que P. de Nolhac entendait donner à ses travaux. Pour s'assurer de l'authenticité de son fameux manuscrit, il avait été conduit à rechercher dans les diverses bibliothèques d'Europe les volumes portant des annotations autographes de Pétrarque. Il parvint de la sorte à reconstituer la bibliothèque du grand poète, qui fut aussi l'un des plus savants lettrés de son temps. De nombreuses publications témoignèrent de ces patientes recherches : Fac-similés de l'écriture de Pétrarque (1887) ; Manuscrits à miniatures de la bibliothèque de Pétrarque (1888) ; les Etudes grecques de Pétrarque (1888), etc. C'est à l'aide des matériaux ainsi accumulés que P. de Nolhac composa sa thèse de doctorat, qu'il soutint en 1892 et qui avait pour titre : Pétrarque et l'Humanisme.
L'objet de cet important travail est de mettre en lumière le rôle de premier plan de Pétrarque - si justement défini par Renan « le premier homme moderne » — comme initiateur intellectuel de la Renaissance. La méthode adoptée — essentiellement paléographique - consiste à rechercher « quels furent les livres de Pétrarque et ce qu'ils apportent à la connaissance de son esprit et de ses études». C'est donc à une sorte de voyage autour de la bibliothèque de Pétrarque que P. de Nolhac convie ses lecteurs : voyage fort instructif, qui, en nous initiant aux lectures et aux travaux philologiques du grand humaniste, nous permet de retrouver « les éléments de sa culture et les forces nourricières de son génie». Peu familier avec les écrivains grecs, dont il ne lisait pas la langue, Pétrarque s'était surtout nourri de culture latine. Telle est la conclusion qui ressort du travail de P. de Nolhac, une des plus utiles contributions à l'histoire de l'humanisme. Notons en passant que P. de Nolhac a été, pour ainsi dire, le parrain en France du mot même d'humanisme, qui, avant lui, n'était guère employé que par les philologues allemands.
De retour à Paris, en x886, P. de Nolhac fut attaché au département des manuscrits de la Bibliothèque nationale; en même temps, il recevait à l'Ecole des Hautes Etudes une maîtrise de conférences - transformée en 1894 en direction d'études — qui. portait sur l'histoire de la philologie classique. L'enseignement de P. de Nolhac aux Hautes Etudes se poursuivit sans interruption pendant quatorze ans et ne prit fin qu'en 1900. Par contre, son stage à la Bibliothèque nationale ne fut que de courte durée : un an à peine. En 1887, en effet, se produisit l'événement qui allait, une fois de plus, modifier la carrière de P. de Nolhac et donner à son activité une forme imprévue. Un poste d'attaché à la conservation du musée de Versailles étant devenu vacant, P. de Nolhac, qui avait de lourdes charges de famille et qui, malgré le fastueux cumul de ses deux traitements, n'émargeait au budget que pour une somme d'environ 3.000 francs, posa sa candidature, qui fut agréée. Cinq ans plus tard, à la mort de Ch. Gosselin [Lenotre], le conservateur en titre, il recueillit sa succession et se trouva dès lors placé à la tête du musée de Versailles, dont il allait assumer la direction pendant près de trente ans.
P. de Nolhac n'avait alors que trente-deux ans; il était plein d'activité et avait des habitudes de travail auxquelles il n'entendait pas renoncer. D'ailleurs, depuis cinq ans qu'il fréquentait le château de Versailles, il avait pu se rendre compte de tout ce qu'il y avait à faire, et il sentait bien qu'il n'était pas de trop de toute sa jeunesse et de toute son énergie pour mener à bien la tâche qui s'imposait. Délaissé sous l'Empire, le château de Versailles avait été transformé par Louis-Philippe en musée historique de la France. Le roi avait lui-même tracé le plan des salles et des galeries nouvelles et, pour garnir les unes et les autres, avait passé de nombreuses commandes aux principaux artistes contemporains. Ainsi le musée de Versailles se trouvait encombré de toiles et de statues fabriquées, pourrait-on dire, en série, d'un intérêt artistique très inégal et d'une valeur iconographique à peu près nulle. Depuis l'inauguration — qui avait eu lieu en 1837 — de cette vaste imagerie nationale, les choses étaient demeurées en l'état. A l'exception d'Eudore Soulié, qui fit vraiment figure d'érudit, les conservateurs s'étaient succédé à Versailles, jaloux seulement de... conserver. P. de Nolhac adopta l'attitude contraire, et ce conservateur fut d'abord un démolisseur.
Appliquant à ce nouvel objet la méthode critique dont il s'était si bien trouvé clans ses travaux paléographiques, il s'efforça de restituer un peu d'ordre dans cette confusion, de faire un choix judicieux entre la masse des documents entassés pêle-mêle par Louis-Philippe, d'éliminer impitoyablement tout ce qui n'offrait pas de suffisantes garanties d'authenticité, bref de transformer cette imagerie confuse et trop fantaisiste en un musée d'iconographie critique. De même que, naguère, il explorait les recoins les plus secrets de la Vaticane et tirait de l'oubli manuscrits précieux et éditions rares, de même on le vit fouiller les greniers du château et exhumer des portraits, des bustes, des tapisseries, pour en orner les salles du rez-de-chaussée, débarrassées de leurs amiraux et maréchaux de fantaisie. Œuvre laborieuse, qui nécessita de longues années de recherches et d'efforts. Mais, quand le public fut enfin admis à en juger les résultats, il n'y eut aucune discordance dans les justes éloges décernés à P. de Nolhac. Le château avait perdu cet air officiel et glacé de musée commémoratif que lui avait donné Louis-Philippe, pour reprendre quelque chose de son aspect d'autrefois. Ce n'était plus le Versailles « ennuyeux » de Musset, mais un Versailles vivant et puissamment évocateur du brillant passé dont il fut le décor. Aussi devint-il bien vite à la mode. Les écrivains commue les artistes y vinrent chercher leur inspiration, tandis que le public en retirait des impressions d'art qui réagirent sur le goût général de notre époque. L'extraordinaire faveur dont le XVIIIème° siècle français jouit dans le monde des collectionneurs a été certainement stimulée par l'œuvre qu'ont réalisée à Versailles P. de Nolhac et ses collaborateurs expérimentés, tels que Pératé et Brière.
Tout en transformant le château, P. de Nolhac en étudiait le passé. Après avoir publié avec Pératé une Description du château et des collections (1896), il entreprit une grande Histoire du château de Versailles (5899), en utilisant des sources inédites ou trop négligées jusqu'alors, telles que les comptes et correspondances de l'administration du Roi. Chacune des époques fut l'objet d'un travail spécial : le Château de Versailles sous Louis XV (1898); la Création de Versailles d'après des sources inédites (1901) ; Versailles sous Louis XIV (1911) ; Versailles au XVIII» siècle (1918). A ces ouvrages d'ensemble s'ajoutèrent des études particulières sur les Jardins de Versailles (1905), la Chapelle royale de Versailles (1912), les Trianons (1912), le Mobilier de Versailles (1914). Tous ces travaux, conçus avec une grande rigueur de méthode comptent parmi les plus importants qui aient été écrits jusqu'ici sur le château de Versailles. A fréquenter ces lieux si chargés d'histoire, P. de Nolhac se sentit peu à peu attiré vers ceux qui les fréquentèrent, et l'érudit insensiblement se mua en historien. A vrai dire, il n'eut pas grand effort à faire pour cela : sa méthode critique était trop bien établie pour qu'il la pût modifier; tout au plus fit-il au grand public— auquel allaient désormais s'adresser ses ouvrages — la concession de supprimer au bas des pages les notes et références dont il accompagnait généralement son texte et de reléguer, discrètement, à la fin du volume, l'appareil critique, d'ailleurs très réduit. Pure modification de forme, qui n'influa en rien sur le fond même du récit, que l'on sent toujours appuyé sur une scrupuleuse documentation et où l'érudit se trahit par le goût du détail expressif, du menu fait.
C'est au XVIIIe° siècle que P. de Nolhac s'est spécialement attaché, aux règnes de Louis XV et de Louis XVI, dont il nous a montré, à défaut de vue d'ensemble, ce qu'en pouvait apercevoir et juger un témoin résidant à Versailles même. Ses récits, groupés autour d'un personnage central, tiennent le milieu entre la monographie et l'histoire générale : ce sont, ainsi que l'auteur les a lui-même qualifiés, des Etudes sur la cour de France. D'abord attiré par la figure de Marie-Antoinette, P. de Nolhac en avait tracé une première ébauche dans un petit livre publié en 1890. Il reprit par la suite cette étude — un peu superficielle dans sa première forme — et en tira la matière de deux volumes: Marie-Antoinette, Dauphine (1896), la Reine Marie-Antoinette (1898). Plein de sympathie pour son modèle, encore qu'il ne dissimule aucun de ses défauts, P. de Nolhac nous raconte les préparatifs et les cérémonies de son mariage, ses débuts à la cour, ses occupations et ses plaisirs à Versailles, enfin sa popularité auprès des Parisiens, qui l'acclamaient avec tant d'élan qu'un spirituel courtisan, Brissac, pouvait justement dire à la Dauphine : « Madame, vous avez là deux cent mille amoureux! » Comment s'effrita cette popularité, comment Marie-Antoinette vit peu à peu le pays se détacher d'elle, au point d'être considérée comme un danger national et chargée de toutes les fautes de la monarchie, c'est ce que P. de Nolhac expose, en un raccourci substantiel, dans le premier chapitre de son second volume. Le reste est consacré à la description des fêtes de la cour, à la peinture de la vie intime de la reine, à Versailles et à Trianon. A ces relations de la vie de cour se mêlent des considérations d'histoire générale, mais surtout des croquis alertes, car P. de Nolhac excelle à camper une figure d'un trait rapide. Certains de ces croquis, plus poussés, ont la valeur d'un véritable portrait; tel celui de Choiseul dans Marie-Antoinette Dauphine et, dans ce même volume, il faut signaler le jour nouveau sous lequel nous est présentée une du Barry, affinée par la fréquentation des gentilshommes, des artistes et des écrivains, très différente de ses portraits légendaires.
Il en va de même dans les deux volumes intitulés : Louis XV et Marie Leczinska (1902) et Louis XV et M'» de Pompadour (1904). Dans le premier, P. de Nolhac a su nous intéresser « à la bonne reine » ; il nous raconte son éducation, son mariage, le bonheur de ses premières années et, après l'abandon, sa résignation et sa retraite parmi une société choisie d'intimes. L'intérêt du second volume est d'offrir une manière de réhabilitation de Mm° de Pompadour. A celle que les Goncourt considéraient comme «un rare exemple de laideur morale » P. de Nolhac est disposé à pardonner, en faveur du goût qu'elle marqua pour les arts et de la protection qu'elle accorda aux artistes. N'est-ce pas de ses prodigalités qu'est sorti un peu de cette grâce charmante du XVIIIe° siècle ? Et, s'il en est ainsi, comment eût pu tenir rigueur à la marquise celui qui s'est complu à nous révéler le charme un peu mièvre et maniéré, mais pimpant néanmoins, des Nattier, des Boucher, des Fragonard?
Professeur à l'Ecole du Louvre à partir de 1908, P. de Nolhac a consacré à ces trois artistes trois grandes monographies (J.-M. Nattier, peintre de la cour de Louis XV [1905], Fr. Boucher, premier peintre du Roi [1907], J.-H. Fragonard [1910] ), où, apportant dans les beaux-arts la méthode des études historiques, il a accompagné d'un texte solidement établi et fort agréablement écrit de belles reproductions de l'œuvre de ces maîtres. A ces travaux il faut joindre une intéressante étude sur Hubert Robert (1910) et un récit, conduit avec sobriété et élégance, de la vie et de la carrière artistique de Madame Vigée-Lebrun, peintre de la reine Marie-Antoinette (1908). Dans ces monographies d'artistes, P. de Nolhac est resté tel qu'il s'était montré dans ses études sur la cour de France. Evitant d'alourdir son récit de commentaires critiques, il s'est appliqué surtout à replacer l'œuvre de chaque peintre dans son milieu, à nous faire connaître les circonstances biographiques ou historiques qui en ont favorisé l'éclosion. Ainsi, sans fatiguer le lecteur par des jugements dogmatiques, il le met cependant à même d'apprécier exactement la valeur d'un tableau et d'un artiste. C'est là le principal mérite de ces volumes. Mais, en outre, en révélant au grand public le nom de P. de Nolhac, connu jusque-là seulement (les érudits, ces ouvrages d'histoire et d'art sur le XVIIIe siècle ont eu pour résultat d'ouvrir à leur auteur, dont la place semblait d'abord marquée à l'Académie des inscriptions, les portes de l'Académie française, où il succéda à Boutroux, le 15 juin 1922. (v. p. 85.)
P. de Nolhac, cependant, n'a pas renoncé aux études qui avaient signalé le début de sa carrière. Lorsque, en 1920, il abandonna Versailles pour prendre, à Paris, la direction du musée Jacquemart-André, il se remit à ses travaux sur l'humanisme. Il en avait jadis examiné avec Pétrarque les origines, il en étudia maintenant l'épanouissement avec les poètes français de la Pléiade. Ce que fut ce monde latinisant qui entoura la Pléiade, quel apport il fournit à Ronsard et à ses compagnons, impatients de renouveler notre poésie, voilà ce que P. de Nolhac expose dans son Ronsard et l'Humanisme, publié en 1921. Sans entrer dans le détail de cet ouvrage, qui a été analysé ici-même (v. Larousse. Mensuel, t. V, p.793), disons seulement que, par l'usage qu'il y fait des textes de la littérature de l'humanisme et par les indications qu'il en tire pour reconstituer la biographie de nos poètes et le milieu qui les a formés, l'auteur a très utilement renouvelé la documentation sur la Pléiade.
Ce livre, dont, de l'aveu même de l'auteur, les premiers documents ont été réunis il y a près de quarante ans, termine, en la refermant, la courbe de cette heureuse carrière d'écrivain. Sans doute, le dessin en est-il un peu capricieux; mais comment s'en étonner, si l'on veut bien songer que, tour à tour paléographe, philologue, érudit, administrateur, historien, critique d'art, P. de Nolhac ne cessa jamais de demeurer poète ? Sans doute, son œuvre poétique tient modestement en trois volumes assez minces : Paysages de France et d'Italie (1894), devenus en 1905 Poèmes de France et d'Italie, les Sonnets de Pierre de Nolhac (1907), Vers pour la patrie (1920). Mais, outre que l'art tout parnassien du poète ne se complaît qu'à des pièces patiemment et délicatement ouvrées, ces recueils suffisent à nous faire saisir la place considérable que la poésie tient dans la pensée de P. de Nolhac. Chacune de ses préoccupations intellectuelles, chaque sujet d'étude auquel il s'applique, réagit sur sa sensibilité poétique et tend à s'exprimer en poème. Cela est particulièrement visible dans le livre des Sonnets, où tour à tour Erasme, Pétrarque, du Bellay, les maîtres du quatrocento, et puis Fragonard, et puis Marie-Antoinette, fournissent l'inspiration de vers sonores et solidement frappés. On jugera de l'art de P. de Nolhac par ces deux sonnets
PÉTRARQUE ET LA GLOIRE

Celui-là qui vécut au désert de Vaucluse
Et conduisit la Gloire en ces âpres ravins,
Ne fut pas seulement le rimeur aux pleurs vains
Qui gémit de son mal, le caresse ou l'accuse.

Moins soumis à l'Amour que fidèle à la Muse,
Il brûlait de répondre à ses appels divins :
Rome, Rome éternelle et ses beaux écrivains
Habitaient en son àme inquiète et recluse.

Car l'orgueil l'avait pris de survivre comme eux,
De mettre un nom toscan parmi les noms fameux
Que l'honneur à jamais du vert laurier décore ;

Et depuis que son geste a montré les sommets,
Le rêve de Pétrarque est- en nous désormais
Et le même laurier tente nos fronts encore.

FRAGONARD
Puisque nul n'ouvre plus le parc aux grilles closes
Où chantaient dans le soir les flûtes de Watteau
Puisque le bon Chardin vieillit et va bientôt
Fermer ses yeux épris de la beauté des choses

Puisqu'à Cythère, afin d'y prodiguer ses poses,
Vénus la blonde a pris Boucher sur son bateau
Puisque Nattier n'est plus, et qu'au divin coteau
Sa Flore ou son Hébé ne tressent plus de roses...

Avec tes clairs pinceaux trempés dans le soleil
Tu restes le dernier, cher Frago ! sans pareil
Pour coiffer un minois et trousser une guimpe

Et le siècle revit en toi, qui sais encor
Entremêler sa grâce aux grâces de l'Olympe
Et promener l'Amour sous les feuillages d'or.


C'est en s'éclairant de ce reflet de poésie que la physionomie de P. de Nolhac prend sa valeur définitive : en la contemplant, on ne peut s'empêcher d'y trouver quelque ressemblance avec celle des humanistes de la Renaissance, qui eux aussi écrivaient des poèmes en même temps qu'ils exhumaient et commentaient les vieux textes latins ou grecs, et qui n'étaient pas moins sensibles à l'harmonie d'une cadence qu'à la beauté d'une œuvre d'art.

F. GUIRAND.

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148 La Reine Marie-Antoinette.
Pierre de NOLHAC
1918
Tableau Marie Elisabeth Louise VIGEE LEBRUN
212 Louis XV et Madame de Pompadour.
Pierre de NOLHAC
1923
Photo d`aprés François BOUCHER
Portrait de Mme de Pompadour


117 Marie-Antoinette Dauphine.
Pierre de NOLHAC
1915
Photo d`aprés François Hubert DROUAIS
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