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Un auteur féminin sous un pseudonyme masculin
Henri Ardel est une auteure de romans sentimentaux de pensée catholique et à base de « bons sentiments » écrits
pour des lectrices féminines. Les éditions Plon-Nourrit et Cie ont publié la plus grande partie de ses œuvres.
Henri Ardel est le pseudonyme de Berthe Palmyre Victorine Marie Abraham, née à Amiens le 6 juin 1863 d’Alphonse,
négociant, et de Lucie Mathilde Pillier et décédée à Paris le 6 janvier 1938. Bien que née à Amiens, elle passa son enfance
dans la région d’Enghien et demeura ensuite à Paris (en 1905, elle habitait Faubourg Saint-Honoré). Elle resta célibataire et repose
aujourd'hui au cimetière de Montreuil, à Versailles.
Il était courant à l’époque de prendre un pseudonyme masculin (par exemple Pierre de Coulevain, Henry Gréville ou Jean de la Brète) comme le commente Gabriel Aubray dans Le mois littéraire et pittoresque de janvier 1902 : « Et c'est encore une inutile supercherie que presque toutes, les pauvres ouvrières de la plume, elles prennent un masque d'homme. Henry Gréville, Henri Ardel, Champol, Jean de la Brète, Jean Bertheroy, etc… Auraient-elles honte par hasard? Mais honte de quoi? De leur sexe ou de leur talent? C'est bien étrange. »
Une vie discrète
Il existe peu d’informations sur la vie de Berthe Abraham du fait de sa grande discrétion et d’une vie publique très limitée. Elle le dit elle-même dans le seul interview connu qu’elle donna au journal Les Dimanches de la femme du 9 avril 1933 :
« Je suis un peu sauvage et reste volontiers dans mon incognito... Voici ce que vous souhaitez savoir et ce qu'il m'est possible de confier de moi-même au public, dont il me suffit d'être connue par mes livres ! ».
Elle fut enseignanten, peut-être directrice (?), dans un cours de jeunes filles et obtint les Palmes académiques en 1904 avec le titre d’officier d’académie. Le journal La Croix du mardi 11 janvier 1938 nous révèle, à propos de son décès, ses activités caritatives :
« Dévouée aux siens et à ses amis, modeste et désintéressée, elle a couronné sa vie par une œuvre moins connue, mais très féconde. La visite de quelques familles dans la zone, près de la Porte de Clignancourt, lui révéla, il y a une dizaine d'années, la misère matérielle et morale qu'abritaient roulottes et masures. Aidée de quelques Jeunes filles, elle groupa, le jeudi après-midi, puis le dimanche matin, les jeunes enfants des rues Jules-Vallès et Adrien-Lesesne. Patronage sans local qui émigrait de café en café jusqu'au jour où une baraque fut achetée en pleine zone…. »
Sa sœur Marie-Louise, de 14 ans sa cadette, fut elle aussi écrivain et épousa Georges Le Cordier. En hommage à sa sœur, à la mort de celle-ci, elle prit le pseudonyme de Colette Henri-Ardel. Elle est la mère de Jacques Le Cordier premier évêque de la ville de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) entre 1966 et 1978.
Une œuvre romanesque
Elle débuta en envoyant sa première nouvelle intitulée « Au cours » au romancier Léon de Tinseau
« qu'elle ne connaissait pas du tout, mais qu'elle savait fort accueillant, le priant de lire cette élucubration d'une inconnue qu’elle lui avouait ingénument être une œuvre de début. Il lut, s'intéressa, recommanda... Henri Ardel était né. » (Extrait du même interview).
Son oeuvre se compose de 3 nouvelles et de 33 romans réédités à de nombreuses reprises. Elle reçut le Prix Montyon pour son livre
Cœur de sceptique. Le prix Montyon est remis par l’Académie Française pour récompenser
« l'ouvrage littéraire le plus utile aux mœurs et recommandables par un caractère d’élévation et d’utilité morale ».
Il fut remis pour la première fois en 1782. De nombreux autres romans de la grande collection Nelson ont obtenu ce prix :
Mon oncle et mon curé de Jean de La Brète, La reine Marie Antoinette de Pierre de Nolhac (1892),
Mon Petit Trott de Henri Lichtenberger (1898), Eve victorieuse de Pierre de Coulevain (1901),
La peur de Vivre d'Henri Bordeaux (1903), La vie d’un simple d'Émile Guillaumin (1905) et L’invasion de Louis Bertrand (1908).
Henri Ardel, romancière populaire ? Ellen Constans, spécialiste de la littérature populaire (ouvrage « Ouvrières des lettres »),
estime que, comme Jean de la Brète, Henri Ardel « romancière B.C.-B.G. est une exception et relève plutôt de la littérature légitime
que de la littérature populaire. En effet, elle publie directement chez de bons éditeurs et l’édition d’un de ses titres (L’autre miracle)
dans la Veillées des Chaumières est unique.»
Ci-contre, la page de garde d'une édition Plon de Mon cousin Guy donne une idée des tirages importants des livres de Henri Ardel.
Adaptations des Œuvres d’Henri Ardel
En collaboration avec Henri Ardel, Marguerite Blanc et Pierre de Jovis ont écrit une comédie en cinq actes basée sur le roman
« Il faut marier Jean ! ».
En 1920, le français Léonce Perret (photo) réalise aux États-Unis un drame muet en noir & blanc « Lifting Shadows » (titre original)
inspiré du roman de Henri Ardel « L’étreinte du passé ». Il en a également écrit le scénario qui est une forte critique du bolchévisme
et du pouvoir en Russie. Le film sortit aux USA le 4 avril 1920 avec en vedette Emmy Wehlen dans le rôle de Vania et Stuart Holmes
(Clifford Howard), Wyndham Standing (Hugh Mason) et Julia Swayne Gordon (Countess Vera Lobanoff)
et en France le 18 juin 1920 sous le titre « L’étreinte du passé ».
Article de Roger Régis tiré de Les Dimanches de la femme n°579 du 9 avril 1933 contenant le seul interview
que nous connaissons de Berthe Abraham
J'ai reçu des reproches d'une lectrice. Rien ne pouvait me toucher autant, et c'est pourquoi je n'hésite pas à vous en faire part
tout de suite : ce sera ma première punition. Donc cette lectrice m'a écrit : « Pourquoi, dans vos chroniques hebdomadaires,
ne nous parlez-vous jamais de certains auteurs que nous connaissons toutes, j'en suis sûre, et que toutes nous aimons ? »
Suivaient trois ou quatre noms de romanciers à gros tirages, parmi lesquels celui d'Henri Ardel.
Pourquoi, chère lectrice, je ne vous parle jamais — ou presque jamais— d'eux ? Mais vous venez de donner vous-même la réponse !
Précisément parce que vous les connaissez fort bien. Ce que je m'efforce de faire ici, c'est de vous révéler les écrivains que
vous connaissez peu ou que vous ignorez ; c'est de vous éviter de lire certains livres qui ne sont pas tout à fait pour vous plaire,
mais qui contiennent, dans certaines de leurs parties, un enseignement ou un agrément; c’est de vous résumer des livres d'histoire
trop copieux et d'en extraire, à votre intention, les passages les plus vivants, le plus humainement de toutes les époques;
c'est enfin de vous être utile comme peut l'être, je n'aurai pas l'outrecuidance de dire un conseiller, mais, plus modestement, un guide.
Reste à savoir si j'y réussis. À vous d'en juger ! Mais, puisque vous désirez, madame, avoir mon opinion sur les auteurs que
vous connaissez et que vous aimez, voulez-vous qu'aujourd'hui nous parlions d'Henri Ardel ? L'occasion s'en présente à nous
puisque, assez récemment, est paru son dernier roman : Faiblesse.
D'abord, sous ce nom : Henri Ardel se cache une femme. Le savez-vous ? Une femme qui, à l’encontre de beaucoup de ses consœurs
en littérature, a toujours fui la réclame. O miracle ! Nulle part vous ne trouverez une photographie d'elle ! Nulle part vous ne lirez
de notes sur sa vie, sur son œuvre. Faute de renseignements, je me suis adressé à elle-même. Elle m'a répondu :
— Je suis un peu sauvage et reste volontiers dans mon incognito... Voici ce que vous souhaitez savoir et ce qu'il m'est
possible de confier de moi-même au public, dont il me suffit d'être connue par mes livres !
Suivaient ces quelques confidences :
— Quand je regarde loin, très loin, dans le passé — aux alentours de l'autre guerre — j'y aperçois une petite fille bondissante,
fraîche et blonde, qui joue, ce jour-là, dans le parc d'Enghien. Cette petite fille est ardente au jeu, plutôt « diable » et fait
aisément des sottises, quand, au temps des vacances, elle retourne à Amiens, sa ville natale, dans la maison de ses grands-parents.
Nous ayant ainsi, d'une façon charmante, avoué son âge et son origine, la romancière nous donne une esquisse de sa vocation
et de ses débuts :
— Cependant la petite fille a grandi et s'est prise de passion pour la lecture. Seulement, quand ne lui plaisent pas le dénouement
ou certaines scènes des livres qu'elle dévore, elle les récrit sans façon, pour son propre plaisir. C'est le temps où elle déclare
bien haut que, quand elle sera grande, elle écrira des romans pas pour les jeunes filles ! M'est avis qu'il ne faut jamais dire :
«Fontaine...» car la première nouvelle complète qu'elle écrivit eut justement un très vif succès auprès des lectrices que son
jugement juvénile écartait délibérément...
Cette nouvelle, qui s'Intitulait Au cours, la jeune fille l'adressa au romancier Léon de Tinseau, « qu'elle ne connaissait pas du tout,
mais qu'elle savait fort accueillant, le priant de lire cette élucubration d'une inconnue qu’elle lui avouait ingénument être
une œuvre de début. Il lut, s'intéressa, recommanda... Henri Ardel était né. «
Cette simplicité, avouez-le, et ce volontaire effacement derrière l'œuvre qui, seule, doit compter aux yeux des lecteurs sont bien faits
pour rendre l'auteur sympathique. Et, pour une fois, il y eut une justice en ce monde, puisque la sympathie n'a cessé de croître
autour des romans d'Henri Ardel. Tous ont atteint un chiffre de tirage impressionnant : Cœur de sceptique en est aujourd'hui à
sa 100e édition ; Le mal d'aimer, à sa 125e ; Mon cousin Guy, à sa 181e. Il n'y a guère que Pierre Benoit pour égaler de tels chiffres.
Il est vrai qu'en revanche, des romanciers de grand talent ont bien du mal à se vendre !
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Hommage de A.-V. de Walle à Henri Ardel tiré de La Page Littéraire de l’Ouest-Eclair du 25 janvier 1938
Un écrivain aussi modeste que populaire vient de mourir : Henri Ardel. Ce pseudonyme masculin avait été choisi
il y a plus de quarante ans par une jeune amiénoise qui, ayant écrit pour se distraire une nouvelle, fut amenée
à se consacrer entièrement aux lettres, grâce aux encouragements que lui avait prodigués Léon de Tinseau.
Depuis ce début, Henri Ardel a publié avec le même constant succès, une trentaine de romans dont certains, comme
« Cœur de sceptique », « Le Mal d'aimer », « Mon cousin Guy », « Seule », se vendirent en édition courante et en
édition populaire à plusieurs centaines de milliers d'exemplaires.
Et cela presque sans que l'auteur eut fait quoi que ce soit pour faciliter ce succès. Henri Ardel, dès qu'un livre était écrit,
l'abandonnait à sa destinée. Elle se refusait à toute Interview, pensant que seuls les mérites de ses livres pourraient leur faire
gagner des lecteurs. Il y a quelques semaines, elle publiait son dernier roman « Il était une adroite princesse » où se retrouvent
toutes les qualités de bon humour et de santé qui ont fait le succès durable de son œuvre considérable.
Henri Ardel. comme les Henry Gréville, les Florence Barclay, appartenait à cette catégorie d'écrivains qui apportent à la Jeunesse
et aux femmes un peu de cette poésie familière et souriante qui est indispensable à tout être humain.
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280 |
![]() | Le Feu sous la Cendre. Henri ARDEL 29/08/1928 DUTRIAC Georges | 270 |
![]() | Le Mal d'Aimer. Henri ARDEL 13/10/1927 PARYS Alonso de | ||
302 |
![]() | Seule. Henri ARDEL 04/12/1929 DUTRIAC Georges |
Quelques couvertures de la collection La Liseuse
En 1921, les éditions Plon lancent la collection « La liseuse », romans à mettre en toutes les mains, format réduit (17x10), 2fr5o.
Le n°1, Tout Arrive d'Henri Ardel, parait en Août 1921. Un volume sortira le 3ème mercredi de chaque mois.
Les illustrations de couverture sont de Jacqueline Duché (1892-1973).
Cinq romans d'Henri Ardel furent publiés dans cette collection.
Quelques couvertures de la Bibliothèque Plon
En 1926, les éditions Plon lancent la Bibliothèque Reliée Plon, des « livres de poches » cartonnés et ornés d’une jaquette illustrée.
Cette collection évoluera dans sa présentation au fil du temps.
De nombreux titres d'Henri Ardel y furent publiés.
Quelques couvertures de collections diverses
On y retrouve les éditions classiques Plon et des collections très commues comme la collection Stella, Le petit écho de la mode ou la collection Scarlett.
Les romans Deux amours dans la collection Stella et La petite Moune dans la collection « Jeunes femmes & jeunes filles »
sont des primo-éditions et font partie des 4 titres non publiés par Plon.
Rêve blanc face à la critique d'Henry Gauthier-Villars (Willy) dans Quelques livres, année 1895 - p 38
et dans Le Monde Artiste illustré du 27 octobre 1895
Rêve blanc, style incolore, pensées ternes. Pourtant, M. Henri Ardel n'est point formellement ennuyeux.
Son livre, destiné aux « petites filles dont on coupe le pain en tartines » rappelle les volumes du célèbre Jean de la Brète,
les ouvrages de l'illustre Léon de Tinseau, et, d'ailleurs, ne les vaut pas.
Une fillette provinciale - oh ! si candide ! - conduite par son père (le brave commandant X) à la conférence d'un M. Morère,
s'éprend du conférencier. Silhouette dudit « De taille mince et nerveuse, découplée (!) par l'habit, le visage pensif, le front haut
et dominant un regard tout ensemble très vif et très pénétrant, l'allure d'une distinction un peu hautaine accusée encore
par l'irréprochable et élégante correction de sa tenue d'homme du monde..» Cet orateur portraicturé à coups de clichés dont
M. Ohnet ne voudrait pas, semble une sorte de Paul Desjardins fraternel et prolixe; il tolstoïse, il préchaille la vie intérieure
et ses bienfaits, il bavarde sur l'Âme contemporaine, et comme - heureuse coïncidence ! - il a pour père un vieil ami du brave commandant X…
il voit deux ou trois fois Agnès, et s'intéresse superficiellement à cette petite âme pure. La pauvrette s'éprend de lui de plus en plus.
Mais Morére ne songe point à l'épouser, féru d'amour pour une femme du monde tout à fait régalante. Et, dans sa chambrette blanche, Agnès
pleure son rêve blanc. Elle épousera le médecin de sa localité.
Savez-vous combien de fois, en cette idylle de 150 pages, Agnès rougit ? Vingt fois. « Une rougeur courut sous sa peau transparente...
Une rougeur courut sur son visage... Toute rose elle se dressa... Elle reparut toute rose... Elle s'arrêta les joues empourprées…
Une ondée pourpre envahit son visage... Une flamme lui monta au visage... Une ondée de sang avait rosé sa peau délicate...
Ces épaules amenèrent une rougeur sur ses joues... Le jeune visage s'empourpra... Plus rose que de coutume... Le blanc visage se rosa
jusqu'à la racine des cheveux... Scandalisée, les joues tout de suite brulantes... Le seul souvenir de ces épaules envoyait une flambée
pourprée aux joues d'Agnès... Les joues se rosaient à leur souvenir... Oui, avoua- t-elle tout de suite rougissante... Une fugitive lueur
rose au blanc petit visage... Son profil dont la peau s'empourpra… donnant à son visage un éclat de belle fleur rose… Elle rougit, prise
d'une crainte » ..
Le brave commandant X rougit aussi ; sa femme pareillement, mais moins que leur fille.
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Cœur de sceptique face à la critique d'Ad. BADIN dans La nouvelle revue de mars 1893 – p222
Cœur de sceptique, par H. ARDEL. Il semble que les deux mots qui forment le titre de ce
très remarquable roman soient faits pour jurer ensemble. Le sceptique a-t-il un cœur, en effet? Il est vrai qu'ici il
ne s'agit pas d'un sceptique de tempérament et de naissance, mais d'un sceptique par accident. Trahi cruellement par
son premier amour, le héros de M. Ardel se console en écrivant des romans psychologiques, lorsqu'il rencontre une jeune
Anglaise adorable de naturel et de sincérité; il l'adore aussitôt, en est adoré et, malgré vents et marées, épouse.
Voilà un singulier sceptique, en vérité ! Mais il n'en sera pas moins le plus heureux des hommes, car celle qui sera sa femme
est une créature absolument ravissante. L'auteur a rendu à merveille le caractère exquis de cette jeune fille, victime d'une
fatalité, indignement poursuivie par la rancune féroce d'une rivale, et triomphant de tous les obstacles par la seule
force de sa grâce et de son charme personnel. Cette délicieuse figure suffirait à faire le succès du roman de H. Ardel,
s'il ne se recommandait point par les rares qualités de sobriété et de puissance sans lesquelles il n'est point de vrai
romancier.
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René Orlis face à la critique de Berthe de Présilly dans La Presse du 8 juin 1897 – p4
et dans Le Monde Artiste illustré du 4 juillet 1897 – p429
René Orlis par Henri Ardel. Henri Ardel a déjà fait paraître plusieurs récits charmants qui ont obtenu le succès
le mieux mérité. On n'a pas oublié Au retour, Rêve blanc, Mon cousin Guy, et ce roman si original intitulé Cœur de sceptique
qui a été couronné par l'académie française. Son œuvre nouvelle, Renée Orlis, qui parait à la librairie Plon, est un roman moderne,
mondain et très parisien, plein de grâce passionnée, d'amour et de mélancolie. Par ses scènes émouvantes, ses fines analyses du sentiment,
ses poignantes péripéties et son dénouement vraiment attendrissant, Renée Orlis est digne de prendre place au nombre de ces pages captivantes
qui remuent profondément le cœur du lecteur et font monter les larmes aux yeux. On ne saurait faire un plus bel éloge d'une œuvre romanesque.
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et Gallica
Tout arrive face à deux critiques contradictoires dans Roman-revue du 15 septembre 1921 – p 557
et dans La Presse du 6 juin 1898 – p4
Roman-revue : Dans ce livre pour jeunes filles, livre correct, agréable, et un peu vide.
Mme Henri Ardel n'a pas fait, pour corser l'intrigue, de folles dépenses d'imagination ; mais elle a réussi à nous intéresser doucement
à quelques silhouettes sympathiques.Les personnages sont grossis et simplifiés ; leur étiquette leur est accrochée une fois pour toutes,
et le moindre mot, le moindre geste qui leur échappent sont des preuves nouvelles qu'ils vérifient leur définition. La jeune fille est exquise
— vingt ans, cheveux et cœur d'or, yeux verts, pauvre, intelligente, cultivée — et rien en elle ne s'écarte jamais de la suprême perfection.
Le jeune homme a un certain âge et écrit des articles de critique dans la Revue des Deux-Mondes, ce qui lui confère aux yeux — aux yeux verts —
de la jeune fille un prestige un peu excessif. Il est vrai qu'elle arrive de Russie, où son père, un Français, vient de mourir.
Elle est recueillie chez, une tante qui a un très bon cœur, aucun goût pour le ménage, des prétentions à l'art ; la fille aînée de la tante
écrit des vers symbolistes et pose pour la Muse. Le critique trouve la jeune orpheline charmante, cause avec elle un bon nombre de fois et
se décide à l'épouser. La Muse a fait tout ce qu’elle a pu pour s'adjuger le jeune homme, mais en vain. Et l'histoire est finie.
Elle n'est pas ennuyeuse, parce que Mme Ardel sait mener un récit, et que ses marionnettes, si elles manquent de vie profonde, ont un relief
et une animation qui en donnent quelque temps l'illusion. Mais pourquoi intituler Tout arrive un livre où il n'arrive à peu près rien.
Au moins, moralement, le livre est sans péril, et pas un mot n'y peut choquer, la plus ombrageuse délicatesse.
La Presse : Les romans si délicats et si émouvants d'Henri Ardel sont fort goûtés du public. La preuve en est dans le succès de René Orlis,
de Mon cousin Guy, de Cœur de sceptique, qui ont reçu un chaleureux accueil. Henri Ardel publie aujourd'hui à la librairie Plon un récit
d'un accent très moderne dont l'intrigue est des plus attachantes, dont le décor est peint avec beaucoup de charme, dont les caractères sont
très spirituellement dessinés.
L’auteur a ainsi établi un parallèle des plus réussis entre Michelle, le type idéal de la vraie jeune fille, jolie, intelligente,
bonne et dévouée, et Sylvanie, la jeune fille esthète, auteur de vers décadents, artiste prétendue, femme insupportable. Tout arrive
tel est le titre de ce livre, qui fera sourire le lecteur et saura aussi l'attendrir jusqu'aux larmes.
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L’heure décisive face à la critique dans La Presse du 25 novembre 1899 – p3
Les charmants écrits d'Henri Ardel obtiennent un succès chaque jour croissant auprès du public lettré, qui aime les romans écrits
avec élégance, intéressant à la fois par leurs péripéties et par les idées que l'auteur veut faire prévaloir. On n'a pas oublié
le chaleureux accueil qu'ont reçu Cœur de sceptique, couronné par l'Académie française, puis Mon Cousin Guy, Renée Orlis, Tout arrive etc…
Aujourd'hui Henri Ardel fait paraitre à la librairie Plon L’heure décisive, roman mondain, vibrant de passion sincère et contenue
où une pathétique histoire d'amour s'encadre à merveille dans le décor de milieux artistiques décrits d'une façon vivante et charmante.
L'heure décisive est digne de prendre place au milieu de ses ainés les plus goutés du public.
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Seule face à la critique dans La Revue Belge du 15 février 1930 – p479
Fine et pathétique étude de psychologie féminine. Ce récit ne le cède en rien, pour l'intérêt romanesque, aux deux livres du même auteur qui l'ont précédé
dans la collection Nelson : Le Mal d'Aimer et Le Feu sous la Cendre .
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Quelques liens permettant de retrouver des critiques contextualisées