Auteur -  Gyp

  Les Auteurs Nelson

Gyp

Plumergat 15/08/1849 - Neuilly 29/06/1932


Collaboration aux Annales Politiques et Littéraires
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Biographie



Nécrologie de Gyp
Par A.C. (probablement Albèric Cahuet)
Illustration N°4662 9 juillet 1932 page 351
Gyp n'est plus. Avec l'auteur de Petit Bob, de Mademoiselle Eve, de Chiffon, de Friquette, des Gens chic, de Joies conjugales disparaissent une verve, une sensibilité piquante et frondeuse dont s'est rajeunie toute une époque de nos lettres. On serait même tenté de dire que l'octogénaire disparue a traversé sans vieillir plusieurs époques de la vie française tellement son espièglerie est demeurée vivante et fraîche, tant ses boutades se sont moins fanées que tels mots célèbres du boulevard. Des pages de Gyp ont continué de paraître tandis que leur auteur, alitée depuis plusieurs mois, achevait son existence sans se résigner au repos de l'esprit. .La curiosité des gens et des choses dans toutes les évolutions de la vie sociale et politique tenait en vigueur et en joie malicieuse cette plume primesautière qui, parfois, se compléta d'un crayon incisif. Il y a toujours eu, jusqu'à la fin, du gavroche dans cette grande dame qui, pour la bataille de l'esprit, avait réduit aux trois lettres d'un nom de farfadet l'un des beaux noms de France.
Sibylle-Gabrielle Marie-Antoinette de Riquetti de Mirabeau, comtesse de Martel de Janville, arrière-petite-fille de Mirabeau-Tonneau, arrière- petite-nièce de Victor Riquetti, marquis de Mirabeau, était née, il y a quatre-vingt-deux ans, au château de Koëtsal, en Morbihan. Mais elle ne vécut en Bretagne que sa très petite enfance. « J'avais deux ans et demi, écrit Gyp dans ses Souvenirs d'une petite fille, quand on m'a amenée en Lorraine... mais c'est la lande désolée et charmante, la mer vaste du Morbihan qui sont restées plus que tout présentes à mes yeux. » L'œuvre de Gyp ne devait être pourtant ni bretonne, ni lorraine, ni rêveuse, ni lyrique. Les propos de ses livres ont l'accent prompt la marque emporte- pièce de Paris.
Rien ne faisait prévoir en son adolescence – au « temps des cheveux et des chevaux» - que mademoiselle de Mirabeau vivrait un jour la vie des lettres. Cette enfant peu joueuse, point coquette, mais très sportive - elle fut une écuyère très hardie – se soumettait mal aux disciplines de l'enseignement. De son passage au couvent elle conserva surtout des notes visuelles qui, plus tard, firent peut-être la note tendre de ses jolis portraits de jeunes filles. Elle épousa en sa vingtième année le comte de Martel, un homme passionné de cheval. C'était la fin de l'empire. Ce fut bientôt le début de la République. La vocation littéraire de Gyp naquit de la petite guerre satirique des salons. L'accent gamin de ses pages, enlevées à la diable, plut très vite et l'un de ses premiers ouvrages, Petit Bob, est tenu pour le meilleur de son œuvre. Sans doute retiendra-t-on l'espièglerie de ses livres plus que ses livres eux-mêmes, pour la plupart rapidement écrits et comme parlés. Pourtant, on y voit paraître la jeune fille moderne vingt ou trente ans avant la naissance de nos Eves d'aujourd'hui, encore que le modernisme annoncé se compose avec un souci de tradition. Nombre des ouvrages de Gyp, à goût de pamphlets, ont jeté leur auteur dans la lutte des partis, et le nationalisme vibrant de la romancière continua de s'exprimer pendant la guerre, où Madame de Martel eut la douleur de perdre son petit-fils tandis que son fils l'éminent chirurgien de Martel, dirigeait une ambulance du front.
Gyp transposa dans l'écriture le croquis de Caran-d'Ache et parfois le coup de crayon de Forain. Elle mit en dialogues les crises intérieures de notre histoire, et l'on pourra recueillir dans son œuvre des échos, des couleurs, des fièvres d'atmosphère qui participent de la chronique d'un temps. Est-il besoin de rappeler que les livres de Gyp eurent un grand public et parfois un immense public? Tels d'entre eux ont connu un tirage que pourraient envier les écrivains les plus favorisés aujourd'hui par la vogue.
On a été tout saisi d'apprendre cette fin de carrière, et la disparition de ce jeune écrivain de quatre-vingt-deux ans a donné l'impression d'être prématurée. La surprise attristée qu'a produite la nouvelle de sa mort ne fut-elle point le plus direct et le moins conventionnel des hommages?
A. C.


Merci à Annick Jouéo Launay qui nous adresse, fruit de ses recherches, quelques articles
Contrats et correspondances entre GYP & Calmann Levy
Texte de Lichtenberger sur Gyp

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